Manuel typographique de Fournier, tome I, 1764
chap. XXVII, p. 183-186.

Chapitre
XXVI 
Chapitre
 XXVIII
Premier folio
183
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XXVII — Des caractères de musique


#Des caractères de musique

La fonte de ces caractères exige la plus grande précision, tant pour la proportion des corps et l'épaisseur des tiges, que pour la ligne et l'approche.

La division des corps pour former celui qui compose la totalité de ces caractères est en cinq parties, dont on a vu les gradations marquées ci-devant à la page 58. Les moules étant dressés en force de corps réciproques pour former ensemble celui de la musique, il faut en vérifier la précisions par le prototype, qui est un instrument nouveau dont on verra l'explication ci-après. Ce prototype contient juste 40 Nompareilles en premier corps, 20 du second, 13 du troisième avec un du premier, 10 du quatrième et 8 du cinquième : ceci regarde le gros caractère de musique de cinq corps de Nompareille. Pour le petit de cinq corps de Perle, il faut 60 Perles ou premier corps, 30 du second, 20 du troisième, #15 du quatrième et 12 du dernier. On doit préparer les moules de façon que les nombres marqués ci-dessus se trouvent de niveau avec le bout du prototype : on parvient à cette précision par l'apprêt, en diminuant plus ou moins les différents corps avec le couteau à apprêter, jusqu'à ce que l'on ait atteint ce degré de justesse.

L'épaisseur des tiges pour contenir la largeur des différentes figures est réglée par une note mise d'abord dans l'approche qui lui convient : celle-ci sert de modèle pour tout le reste, tant notes, figures que cadrats, qui tous doivent être de la largeur d'une ou de plusieurs notes. Il faut garder une vingtaine de ces modèles, entre deux desquels, posés sur la glace du côté de la frotterie, on présente la tige de l'objet que l'on veut mettre de même épaisseur ; et en posant le jeton sur ces trois pièces, on voit si celle du milieu est d'accord avec les deux autres : si elle n'y est pas, et qu'elle soit trop large ou trop mince, on regarde le côté qu'il faut grossir ou approcher, et on touche aux registres du moule à raison du défaut, jusqu'à ce que les trois parties soient égales. Pour les figures qui portent deux, trois ou #quatre épaisseurs de notes, on opère de même, en mettant l'objet que l'on vérifie entre deux colonnes de modèles, composées chacune du nombre qu'il faut pour former l'objet que l'on met d'épaisseur.

La ligne consiste à mettre sur les cinq corps les filets droits et de niveau, de façon qu'en un ou en plusieurs corps les cinq lignes de la musique filent droit. Pour cela, il faut que ces filets soient exactement au milieu du premier corps : on en met 2, 3, 4 ou 5 l'un sur l'autre ; ils servent à guider la ligne d'un même nombre [de filets] qui se trouvent réunis sur un seul corps. Les traits obliques sont aussi mis à leur place par la ligne : on les fait monter ou descendre, soit par le heurtoir du moule, soit par le pied ou par la justification de la matrice, en sorte que les pièces destinées à former ensemble les traits plus ou moins longs des tirades, suivent toutes la même direction. En voici quelques exemples séparés et réunis :

L'approche consiste à faire frotter jusqu'au vif tous les traits qui doivent se joindre horizontalement ou obiquement : les traits perpendiculaires#, soit pour les queues des notes ou pour des barres de mesure, doivent être atteints jusqu'au vif par la frotterie, du côté de la pièce de dessus ; c'est cette approche qui réunit toutes ces pièces les unes sur les autres.

Il ne reste plus qu'à donner la figure de ces caractères, que l'on verra ci-après à l'article des polices. [Voir p. 286]



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