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#De l'approche |
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L'APPROCHEMENT des lettres,
dit approche, consiste à donner à la tige qui les porte l'épaisseur juste qui leur
convient, pour que les lettres soient entre elles d'une égale distance. Cette approche se
met par le moyen des deux registres du moule entre lesquels la matrices est retenue.
Les registres plus ou moins reculés, font que les blancs du moule s'approchent plus ou
moins l'un de l'autre, en laissant entre eux le vide qui doit être rempli par le métal dont
est formée la tige sur laquelle la lettre est figurée.
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L'approche pour les
caractères romains #ordinaires
doit être guidée de façon qu'il y ait entre les lettres un peu moins de distance que les
jambages des m n'en ont entre eux ; autrement les mots ne paraîtraient pas assez
liés ensemble. On commence par mettre l'm d'approche, de façon qu'étant frottée de
chaque côté, le talus des traits soit emporté par la frotterie presque jusqu'à l'extrémité
de l'œil ; on en met trois dans la justification de ligne, pour juger de leur
écart ; puis on retourne celle du milieu comme ceci, ,
pour voir si les jambages sont également distants ou approchés des bords de la
tige ; ce qu'on verrait moins bien si on les mettait dans leur sens naturel, parce que
le côté qui serait plus gros se trouvant après celui qui serait plus approché,
et cela successivement, on verrait toujours une égale distance entre ces m ; mais
en retournant celle du milieu, les deux mêmes côtés de la lettre se trouvent réunis,
comme on voit par les trois m ci-dessus : les deux premières se joignent par le
côté de la matrice qui touche le registre de la pièce du moule dite de dessous,
et la troisième se joint avec celle du milieu, par le côté
#du registre de la
pièce de dessus. Pour se faire entendre, on simplifie la dénomination en disant
simplement, près du dessous ou gros du dessous, lorsque la lettre est
trop près ou trop grosse du côté de la matrice qui touche le registre de la pièce de dessous,
et gros ou près du dessus, lorsque cela arrive à l'autre pièce du moule,
qui est celle du dessus. Ainsi, par l'exemple de ces trois ,
on voit qu'elles ne sont pas d'une bonne approche, étant trop près du dessous ;
il faut donc repousser la matrice de façon qu'elle anticipe un peu moins sur le blanc du
moule de ce côté-là : pour cet effet, on avance le registre de la pièce de dessous,
en le frappant d'un petit coup de marteau par le bout extérieur, ce qui le fait avancer
vers l'orifice du moule et grossit la tige.
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La troisième m
est plus éloignée que les deux premières ; c'est parce qu'elle est trop
grosse du dessus. Pour la rapprocher, il faut faire le contraire de ce que
je viens de marquer, c'est-à-dire qu'il faut reculer le registre de dessus ;
pour cela, on a un petit morceau de bois dont on pose un bout sur la face du registre ;
on donne un petit coup de marteau sur ce
#morceau de bois,
qui fait reculer ledit registre : cela le garantit du côté sur lequel s'appuie la
matrice, au lieu qu'il soit gâté si on le frappait avec le marteau. Cette opération faite,
on fond trois autres m, et on touche au moule pour l'approche, jusqu'à ce
qu'elles se trouvent égales, comme celles-ci, .
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L'approche des m
étant décidée, elles servent de modèles pour le reste ; on en met trois sur la
justification, et on passe entre elles toutes les lettres de
la frappe, à mesure
qu'on veut les fondre, en observant le même écart. On y réussit, comme je viens de le
dire, par le moyen des registres, en observant le dessus et le dessous :
on dit donc grossir, pour rendre la tige plus large,
approcher pour la rendre plus mince. En général, pour grossir, on
avance le registre, en frappant sur le bout extérieur : pour rapprocher,
on le recule, en frappant sur la face qui touche la matrice.
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Toutes les lettres qui
ont des jambages carrés comme les m, à savoir, les h, n, u, ,
, etc. doivent avoir exactement la même
distance que les m, comme ceci, .
Les lettres rondes, en tout ou en partie, comme
#les c, e, o, d, p, b,
q, etc. doivent être plus rapprochés du côté des ronds ; à cause du fait que ces
parties tournantes s'éloignent par les extrémités, ce qui fait une compensation, et
les rend égales au coup d'œil, comme dans cet exemple,
:
on voit que les lettres rondes, quoique plus approchées, paraissent néanmoins dans
une distance égale. Pour cette raison, les lettres pointues par en bas, comme les
v, y, w, doivent être approchées jusqu'aux extrémités des traits d'en haut.
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Les ponctuations
sont tenues un peu grosses, à l'exeption du point, parce qu'il se trouve toujours une
espace entre elles et le mot qui les suit.
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Les grosses capitales
ont besoin d'être tenues un peu plus grosses ou plus espacées que les minuscules,
en observant l'approche des lettres rondes et pointues.
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Les petites capitales
sont généralement tenues grosses, parce qu'elles servent à former des mots qui ont
souvent besoin d'être encore espacés.
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Les chiffres du romain
n'ont pas d'approche particulière, mais une générale, qui consiste#
à leur donner à tous l'épaisseur juste d'un demi-cadratin, c'est-à-dire que deux,
à côté l'un de l'autre, fassent ensemble le carré du corps.
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Les semi-corps,
qui sont la Mignone, la Gaillarde et la Philosophie, ont besoin d'être un peu plus
approchés que les corps ordinaires, parce qu'étant moins espacés entre les lignes,
il faut aussi qu'ils le soient moins entre les lettres : de même, tous les caractères à
gros œil sont toujours tenus un peu plus approchés.
Par la raison contraire, un caractère d'un corps inférieur mis sur un supérieur,
comme un œil de Petit-romain fondu sur le corps de Cicéro, qui par conséquent
porte un plus grand blanc entre les lignes, doit être tenu un peu moins approché que
s'il était sur son corps naturel.
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Il y a des caractères
romains serrés et allongés dans le goût de ceux de Hollande, et d'autres que je
nomme poétiques, qui sont également serrés, mais ils portent plus de blanc
entre les lignes : on en trouvera des exemples dans le volume des caractères
[Tome II, Par exemple folios 50-51].
Ces sortes de lettres ont besoin d'une approche
#entre-elles pareille
à la distance des jambages des m, comme ceci :
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Il y a des imprimeurs
qui demandent quelquefois des caractères plus approchés que d'ordinaire, pour faire tenir
plus de lettres dans une ligne. Si ce n'est pas une raison de goût, c'en est une d'économie.
Il faut pour lors approcher les m jusqu'à l'extrémité des traits,
de façon qu'il n'y reste rien du talus, et conduire les autres lettres relativement à cette
approche.
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Le caractère italique
doit être un peu plus approché que le romain, parce que tenant de l'écriture, les traits
doivent être plus près les uns des autres. Il y a, pour les lettres rondes et pointues,
les mêmes observations à faire que dans le romain. L'approche de l'm ne doit pas
être observée à la rigueur comme à celle du romain, c'est-à-dire qu'une m
renversée au milieu de deux autres ne doit pas avoir les jambages également distants ;
elle doit être un peu plus rapprochée du dessus, comme ceci :
voici pourquoi. Le plus grand nombre de longues penchent, et par conséquent
crénent du dessous. Pour ménager un peu la tête de ces
#lettres, il est bon
de tenir l'approche le plus près qu'il est possible du dessus, qui est le côté opposé,
et tenir le dessous un peu plus gros ; cela leur donne plus de consistance,
et empêche souvent que l'r et le t n'aient besoin d'être crénés.
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Il y a une observation
à faire pour quelques sortes de capitales, à laquelle on ne prend pas garde ordinairement,
et qui est cependant importante : c'est principalement pour les A et les
deux UV capitaux. La première doit être approchée du dessus jusqu'au vif du trait,
pour diminuer un peu l'éloignement causé par la pente du premier trait, et tenue un
peu grosse du dessous : au contraire les deux UV doivent être tenus aussi
gros du dessus, que si on leur supposait un empattement au bas des traits, comme
à l'H, à l'M et aux autres lettres carrées. Les gros traits des capitales
doivent avoir une égale distance ; c'est à quoi on ne pense pas souvent, et c'est
aussi ce qui produit le mauvais effet que voici :
En observant la règle que j'établis, ces lettres prennent une approche convenable,
comme on peut le voir ici :
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#Les
capitales italiques carrées ou à empattement, sont plus grosses du dessus que du dessous,
parce qu'on les crène de ce dernier côté, pour les faire approcher de plus près des lettres
minuscules : pour cette raison, il faut donc aussi tenir les capitales rondes,
comme les C, G, O, Q, plus grosses du dessus que du dessous, afin que lorsque l'on
compose un mot en grosses capitales italiques, les distances se trouvent égales.
Ces observations ont aussi lieu pour les petites capitales.
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Comme la pente du
Grec est à peu près la même que celle du caractère italique, on le tient aussi assez
approché, d'autant plus que contenant beaucoup de ligatures, ou lettres doubles
liées ensemble, le reste doit y être assorti. Les capitales, qui ne suivent pas la pente des
minuscules, et qui au contraire sont droites, doivent être mises d'approche
comme celles du romain. La plus grande difficulté regarde les accents et les esprits,
que l'on ajoute en seconde pièce sur une partie des lettres, c'est-à-dire qu'une lettre
accentuée est souvent composée de deux tiges accollées ensemble.
Pour cet effet, on met l'esprit doux ou âpre le plus
#près qu'il soit
possible de chaque côté ; ensuite on met tous les autres accents d'une même et
exacte épaisseur : ceux qui ont le plus de largeur, comme ceux-ci ,
sont crénés de l'excédent de la tige du dessus : l'accent grave ,
qui par sa situation s'éloigne de la lettre sur laquelle il doit être posé, a besoin, pour cette
raison, d'être créné aussi du dessus et tenu gros du dessous.
Cela fait, on approche du dessous les lettres ou ligatures qui doivent porter des accents,
et on les fait créner de ce côté de toute l'épaisseur des accents fondus séparément.
On s'assure de l'approche de ces lettres, en les mettant avec leurs accents entre
deux ou trois , et on les fait plus ou
moins créner, jusqu'à ce qu'elles aient acquis la même distance que ces μ, et mieux
encore en mettant la lettre crénée, jointe avec son accent, de même épaisseur que la
même lettre non crénée.
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Le caractère hébreu
étant formé, pour la plus grande partie, de lettres larges, carrées et sans empatement ou
traits horizontaux, on le tient très-approché.
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Il en est de même
pour le caractère allemand.
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#Ces
règles pour l'approchement ont lieu pour toutes les sortes de caractères, auxquels il sera
aisé d'en faire l'application.
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