Manuel typographique de Fournier, tome I, 1764
chap. XVIII, p. 139-141.

Chapitre
XVII 
Chapitre
 XIX
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XVIII — De la hauteur en papier


#De la hauteur en papier

La hauteur des caractères, dite hauteur en papier, c'est-à-dire, depuis le pied jusqu'à la superficie qui laisse son empreinte sur le papier, est fixée par les Règlements de la Librairie, notamment par celui du 28 février 1723, à dix lignes et demie géométriques. Cette loi a été sagement établie pour rendre les caractères de France conformes en cette partie, afin que passant d'une imprimerie dans une autre, soit par la mort des propriétaires, soit autrement, ils ne fissent point de disparate. Cette loi cependant, quoique très sage et très bonne, n'a été que faiblement exécutée : plusieurs imprimeurs ont conservé la hauteur des caractères qui se trouvaient pour lors dans leur imprimerie : quelques pays, comme la Flandre, le Lyonnais, et autres, qui étaient dans l'usage d'avoir des caractères beaucoup plus hauts que l'ordonnance ne le porte, les ont aussi conservés, de sorte que l'on voit encore# des caractères depuis dix et un quart jusqu'à onze lignes et demie de hauteur. Ceux qui ont conservé ces derniers en sont les dupes, parce qu'un caractère qui coûte cent postoles étant à la hauteur de l'ordonnance, leur revient à onze cents francs, sans qu'ils aient une lettre de plus ; et cela parce que leurs caractères étant d'un onzième plus hauts, sont par conséquent d'un onzième plus pesants.

Les officiers des chambres syndicales ont négligé cette partie du règlement ; aussi rien n'est-il si commun que de voir dans toutes les imprimeries des caractères un peu trop hauts ou un peu trop bas. On est obligé de mettre des hausses sur les tympans de la presse, pour fouler dans les endroits où il y a des lignes trop basses ; quelquefois même on met sur le marbre de la presse plusieurs feuilles de papier, pour exhausser des parties de page qui sont d'un caractère plus bas que le reste, ce qui rend l'ouvrage minutieux et toujours imparfait. Ce désordre ne vient pas des fondeurs ; ils sont obligés de se conformer à la volonté de ceux qui les mettent en &oelig:uvre. Cependant les trois-quarts, au moins, des imprimeurs de# France, ont leur imprimerie réglée sur cette hauteur de dix lignes et demie, aux petites inexactitudes près, qui laissent quelques caractères un peu plus hauts ou un peu plus bas ; d'où il arrive que la différence de l'un à l'autre peut être quelquefois de l'épaisseur d'une carte, ce qui est néanmoins considérable.

Pour éviter ce désordre, il faut conserver dans la fonderie un calibre qui guide la hauteur et la rende toujours égale, tant qu'on en est le maître. Il y en a deux sortes : le premier est une lame de cuivre ou de fer, sur laquelle on fait une entaille de dix lignes et demie de haut ; il faut que la lettre, de pied en tête, occupe juste cette distance. L'autre, qui est d'un usage plus sûr et plus commode, est fait en forme de justification : je le nomme calibre mat ; on en verra la figure et la description parmi les planches de la fonderie.



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