Manuel typographique de Fournier, tome I, 1764
chap. XXIV, p. 171-176.

Chapitre
XXIII 
Chapitre
 XXV
Premier folio
171
Panneau de navigation

XXIV — Des vignettes, crochets, accollades, réglets, filets brisés et de longueur


#Des vignettes,
crochets, accollades, réglets, filets brisés et de longueur

Les vignettes, ou petits ornements de fonte, doivent être fondues avec beaucoup de précaution et d'intelligence, en sorte que leurs \mbox{différentes} faces répondent à des grandeurs connues et déterminées ; c'est-à-dire qu'il faut fondre les vignettes de façon que leurs différentes largeurs soient relatives à d'autres corps, afin qu'à la composition l'on en puisse combiner la figure en tout sens, pour qu'elles s'unissent et s'accolent ensemble : par exemple, une vignette de demi-corps de cicéro est tout à la fois Cicéro et Nompareille, Cicéro dans ce sens , Nompareille dans celui-ci , Les coins et les figures carrées, qui ne présentent pas plus de face en #hauteur qu'en largeur, sont fondues cadratins, ou de corps en tout sens, ce qui fait qu'on les tourne comme l'on veut. D'autres sont d'un corps et demi, de deux corps, etc. ce qui s'accorde dans les combinaisons avec d'autres corps ; en voici quelques exemples :



Si l'on n'observe pas ces règles, il arrive que l'imprimeur est dégoûté de l'ouvrage par l'embarras de la justification qu'il est obligé de faire avec des morceaux de carte, de papier, etc. ce qui rend cette sorte de composition d'autant plus désagréable que ces additions étrangères empêchent la jonction des vignettes.

Pour fondre des vignettes sur cette règle, il faut qu'elles aient été gravées en conséquence, et par quelqu'un qui entendit les proportions des corps. C'est justement ce qui a manqué à ceux qui ont contrefait mes vignettes ; ils n'ont nullement observé ces règles : à l'ignorance de la gravure, ils sont ajouté celle de la #fonte, ce qui rend ces contrefaçons inutiles à un imprimeur tant soit peu curieux.

Les crochets sont des figures plus ou moins grandes, dans ce sens . Ils se font d'une, de deux et de trois pièces ; ceux d'une pièce sont depuis les plus petits jusqu'à la largeur que le moule peut contenir ; passé celà, on les fait ainsi de deux pièces , et quand on les veut un peu plus larges, on met dans le milieu cette addition  : cela se nomme accolades, parce qu'ils s'accolent ensemble pour ne former qu'un tout, comme on les voit ici rassemblés  :

Pour faire des crochets d'une seule pièce un peu plus larges que ceux qu'un moule de Petit-texte ou de Petit-romain peut contenir, on les fond en hauteur sur les gros moules de Double ou Triple-canon et de Grosses ou Moyennes de fontes, et on les met de la même épaisseur que ceux qui ont été fondus sur les petits moules par le moyen des registres. mais lorsqu'on les veut d'une seule pièce, de longueur à ne pouvoir être fondus sur les moules ordinaires, dans ce cas il faut fondre des lames #de métal sur le moule à réglets. Ces lames, mises de hauteur et dressées au coupoir, sont sciées à la longueur donnée, puis on prend et on marque le milieu de la longueur avec un compas, après quoi on taille ces lames avec la lime, les unes après les autres, et on forme ainsi le crochet comme si on le gravait sur un poinçon.

Il y a encore des crochets simples ou doubles, gras ou maigres, en accolades, qu'on nomme brisés, parce qu'ils sont composés de plusieurs pièces plus ou moins larges, afin qu'on puisse les allonger tant que l'on veut. Pour cela, il faut frapper plusieurs matrices de différentes largeurs avec le même poinçon des filets, lesquels filets sont mis sur la fonte exactement au milieu du blanc, de façon qu'en les retournant cran dessus dessous, ils se rencontrent toujours dans le milieu. Les crochets de droite et de gauche sont fondus d'une même largeur ; le milieu, qui forme l'accolade, est arbitraire. Le mérite de ces accolades est que les parties soient mises en ligne bien droit, et qu'elles soient frottées proprement sur une pierre douce, pour que les jonctions ne soient pas #sensibles. Voici des exemples de ces pièces séparées et réunies :

Les réglets ou filets brisés, simples, doubles ou triples, gras ou maigres, tels que ceux-ci,

se fondent comme les accolades, du nombre desquelles ils sont eux-mêmes. Il n'y a de différences que dans les bouts et les milieux ; par conséquent, c'est la même opération pour le fondeur : son attention principale est de bien faire filer toutes les parties. Pour la jonction, elle ne dépend pas toujours de lui, car si le compositeur ne justifie pas sa ligne un peu serrée, ces réglets laisseront paraître les accolades par un petit trait blanc. La même chose arrivera encore, lorsqu'ils seront un peu arrondis à chaque bout par le service ; c'est ce qui rend ces sortes de réglets moins propres, et par conséquent moins d'usage que ceux qui sont d'une seule pièce, lesquels servent aussi à #former des cadres. La mécanique en sera expliquée ci-après à l'article du moule à réglets.



Chapitre XXIV Chapitres voisins Manuel
Début (texte) XXIII  Mode texte XXV  Accueil
Premier folio
(mode image)
XXIII  Mode image  XXV Table des chapitres
Version PDF Index