Manuel typographique de Fournier, tome I, 1764
chap. XXIII, p. 168-171.

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XXIII — Des lettres de deux points


#Des lettres de deux points

Les lettres de deux points, ainsi nommées parce qu'elles occupent l'espace de deux lignes au commencement du texte de l'ouvrage où on les emploie, ont la figure des capitales, et sont fondues de façon que leur corps soit justement le double du caractère dont elles font les deux points, et avec lequel elles se trouvent en ligne par le bas. Ces lettres sont gravées exprès, ou bien on prend les capitales des corps supérieurs que l'on ajuste aux corps de deux points, lorsque leur grandeur et leur figure peuvent s'y prêter. Par exemple, les capitales du Petit-canon, fondues sur le corps de la Palestine, peuvent faire les lettres de deux points du Cicéro.

Par les nouvelles proportions que j'ai données# aux corps des caractères, ainsi qu'on l'a vu, un corps fait ordinairement les deux points d'un autre ; par là, un même moule sert pour le caractère qui lui est propre, et pour des lettres de deux points d'un autre : voici une table qui indiquera le moule qu'il faut prendre pour chacun des corps.

Pour deux points deon prend le moule de
ParisiennePetit-romain
NompareilleCicéro
Mignonne Saint-Augustin
Petit-texte Gros-texte
Gaillarde Gros-romain
Petit-romain Petit-parangon
Philosophie Gros-parangon
Cicéro Palestine
Saint-Augustin Petit-canon
Gros-romain Trismégiste
Gros-parangon Gros-canon
Petit-canon Double-canon
Trismégiste Triple-canon

 #Le Petit-parangon et la Palestine n'ont point de corps double ; il faut monter exprès des moules pour les lettres de deux points de ces deux corps. Je n'ai point fait entrer ces deux grosseurs de moule dans la division des corps, parce qu'il aurait fallu graver sur ces deux corps des caractères romains et italiques, dont l'imprimerie n'a pas besoin, ayant un assez grand nombre de gros caractères.

Il y a deux sortes de grandes lettres capitales, plus grosses que celles dont je viens de parler : je nomme les premières grosses de fonte, et les autres moyennes de fonte. Je les ai gravées exprès pour les placards et les affiches.

Les lettres ornées et taillées sont encore des lettres de deux points que l'on fond sur les mêmes principes que les précédentes. Elles n'en diffèrent que par leurs figures, qui sont en forme d'ornements ; de là vient qu'on les appelle lettres ornées. Les lettres taillées sont ainsi nommées, parce que les gros traits sont taillés en deux parties, qui font paraître sur une même portion de la lettre un gros et un petit trait. On fait cette entaille sur le poinçon #ou sur la lettre même après la fonte, ce qui s'exécute avec un burin.



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