Manuel typographique de Fournier, tome I, 1764
chap. VII, p. 40-44.

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VI 
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VII — Du plein-chant rouge et noir


#Du plein-chant rouge et noir

Cette sorte de Plein-chant est ainsi nommée parce qu'on imprime d'abord les filets en rouge, et les figures de notes en noir, par une seconde impression sur les filets rouges.

Il y a deux sortes de notes ; de pleines, destinées à être fondues sur un seul moule ; et de brisées, qui doivent l'être sur trois. La première sorte est ancienne, la seconde est toute nouvelle ; il n'y a pas deux ans que je l'ai imaginée et gravée. En général, c'est un ouvrage très facile à graver : il s'agit de tailler avec la lime les figures marquées ci-après ; il y en a peu qui aient besoin de contrepoinçon.

L'ancienne note rouge et noire est composée de quinze poinçons : le principal est le cadrat de quatre filets, dont on règle la distance comme ceux dont j'ai parlé ci-devant, par quatre filets mobiles fondus dans le milieu d'un corps de Cicéro. Si la note que l'on veut #faire est de quatre points de Cicéro, ces quatre filets, liés les uns sur les autres, sont la règle de ceux du poinçon ; l'on en trace les traits par le calibre pointu dont j'ai déjà parlé. Ce cadrat à filets n'étant principalement destiné qu'à former des lignes entières à l'impression, on doit le faire de la largeur de six ou huit épaisseurs de notes. Comme il faut très peu d'autres largeurs de ces cadrats, un seul et même poinçon peut servir à frapper des matrices d'une, de deux, et de trois notes, en prenant du cuivre de largeur convenable. C'est dans ce cas qu'on peut négliger de graver des poinçons exprès, à cause du peu d'usage que l'on fait de ces largeurs de filets. Ce cadrat étant gravé, on prend la distance qu'il y a d'un filet à l'autre, dont on fait un calibre, qui est la mesure de la hauteur et largeur des notes ; en observant cependant de faire les losanges, rhomboïdes, dièses et bémols un peu plus hauts, de façon que leurs figures anticipent un peu sur les filets, sans quoi ils paraitraient un peu plus petits, à cause de leur figure pointue. Ces poinçons dont voici le nombre et la figure, seront taillés, dressés, polis et mesurés par les #mêmes principes que j'ai établis, en observant de faire la queue des notes assez longue pour qu'elles puissent remplir l'intervalle des quatre filets.

Il faut aussi pour cette note les petites figures de cadence, syncopes et autres marquées ci-devant, pour être ajoutées en seconde ligne ; mais la plupart des poinçons dont la figure est ci-dessus, servent à frapper les matrices nécessaires pour cela, à l'exeption des figures qui ne sont pas marquées ici et que l'on voit ci-devant, qu'il faut graver exprès.

La nouvelle note rouge et noire, dite brisée, contient les mêmes poinçons que ceux qui sont marqués ci-dessus, y compris les autres petites figures de cadence, etc. toute la différence consiste dans la frappe des matrices, parce que les figures doivent être fondues sur trois moules différents. À l'imprimerie, on fait monter ou descendre ces figures entre ou sur les filets qu'elles doivent occuper, en les composant avec des cadrats ordinaires, bas et sans filets, qui sont #fondus sur quatre corps et de largeur relative à différentes épaisseurs de notes. Pour donner l'idée de la grosseur de ces caractères, on les désigne par Notes de quatre points de tel ou tel corps. Pour le premier et le plus petit de ces corps, on grave ces figures
pour le second corps on grave les cinq suivantes, dont on peut supprimer les deux dernières, qui font des guidons, pour ne faire que celle-ci . Pour le troisième corps, on ne fait pas de poinçons, parce qu'il ne sert que pour des cadrats. Pour le quatrième corps, on grave, comme pour la note précédente, un poinçon à quatre filets de six ou huit notes de large et les deux barres transversales, la longue et la courte : on n'en fait pas de double, parce qu'à la composition on en met deux ensembles. La manière de graver cette note est suffisamment expliquée par les principes établis ci-devant.

J'ai composé celle-ci pour deux raisons ; la première, pour éviter une opération longue et pénible qu'il faut faire aux tiges des notes rouges et noires fondues sur un seul corps. La plupart des figures ne tenant que #très peu de place sur cette tige, il faut couper et entailler en talus toutes les extrémités de la tige qui avoisine la figure. La seconde raison est un objet de bénéfices pour les imprimeurs. Cette note étant usée, on jette à la fonte toutes les figures, qui ne font pas le quart du poids ; et par ce moyen on laisse à l'imprimeur tous les cadrats, qui étant sur des corps ordinaires, comme Nompareille, Cicéro, Gros-romain, Palestine ou autres, peuvent être employés à d'autres usages.

Dans la description que je viens de donner des poinçons des notes de Plein-chant, j'ai marqué des dièses, cadences, tremblements et syncopes. Ces figures ne sont pas toujours d'usage : on ne s'en sert point pour les grands livres d'église.



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