Manuel typographique de Fournier, tome I, 1764
chap. I, p. 1-4.

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I — La gravure ou taille des poinçons


#La gravure ou taille des poinçons

Pour être un bon graveur de caractères, il faut être typographe, c'est-à-dire savoir tous les détails du mécanisme de la fonderie et de l'imprimerie, afin d'y assujettir son travail. Maître de l'art, le graveur doit tout prévoir dans la fonte et dans l'impression. C'est par là que les Simon de Colines, les Garamond, les# Grandjon, les Le Bé, les de Salencque, ces artistes à qui l'imprimerie est redevable de tous ses progrès, sont devenus nos maîtres dans cet art qu'ils ont porté en France à un point de perfection que les nations voisines n'ont jamais atteint.

La pratique de l'impression n'est pas d'une nécessité absolue pour être un bon graveur, mais la théorie de cette partie de l'art est indispensable. Tous ceux qui se sont ingérés de graver des caractères sans ces connaissances préliminaires, n'ont jamais réussi. Nous en avons des exemples subsistants, qui ne déshonorent que trop notre imprimerie.

La science du graveur consiste donc à connaître la figure la plus parfaite que l'on puisse donner aux caractères, les dimensions qu'ils doivent avoir, et à les représenter sur l'acier pour les frapper sur le cuivre, afin d'en former des matrices qui perpétuent les lettres à l'infini par la fonte.

Le graveur ne doit donc rien négliger pour donner à son travail toute la perfection possible. Il faut, avant de l'entreprendre, qu'il ait fait une étude réfléchie de ce qui peut contribuer# à sa plus grande beauté. Car il n'en est pas de cet art comme de bien d'autres où les faibles productions trouvent un emploi proportionné à leur valeur : l'imprimerie ne doit rien souffrir de mauvais, ni même de médiocre, parce qu'il en coûte autant pour fondre ou imprimer les mauvais caractères que pour fondre ou imprimer les plus parfaits  et si le graveur n'a pas les talents requis, le fondeur et l'imprimeur, qui rendent son ouvrage, l'un sur le métal, l'autre sur le papier, sans qu'aucun des deux puisse y rien changer, ne font que perpétuer son ignorance, et déshonorent l'imprimerie.

Avant que de graver un caractère quelconque, il faut déterminer la grandeur respective des courtes, des longues et des pleines, relativement à la force de corps sur lequel on veut le faire, afin que les extrémités des lettres longues remplissent exactement ledit corps. On entend par courtes toutes les lettres qui ne tiennent que la partie du milieu du corps, comme les a, c, e, m, n, t, les petites capitales A, B, C, D, E, et autres de même grandeur. les longues sont celles qui occupent# une plus grande partie du corps, soit par en haut, soit par en bas, telles que les A, B, M, b, d, p, q, et autres. Les pleines sont celles qui tiennent tout le corps, comme j, Q, Ç, , etc. Ces grandeurs doivent être marquées sur un calibre pour servir de règle.



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